Une Écoquille "Moyenne en T" en forêt d'Orléans
Pako est éclairagiste de scène, intermittent du spectacle. Il a mis patiemment des sous de côté pour se construire sa maison, son havre de paix, qu’il aménagera et décorera à son idée. Dans la forêt orléanaise, sur un sol un peu sableux et humide, Pako a trouvé un grand terrain bordé d’arbres. Sur la même route ont été construites deux autres maisons bois. Pour la petite histoire, Pako n’a jamais reçu son permis de construire. Les deux mois de délai légal se sont écoulés, lui donnant droit de construire et il l’a fait : un moyen pour la commune de ne dire ni oui, ni non…
Pako a un goût prononcé pour la culture rock et le style “heroïc fantasy”. Et pour dire les choses, il a été frappé par le look animal / dragon de l’Écoquille. Ses vœux écologiques comme son intérêt pour le feng-shui s’expriment autant qu’il en rêvait en créant une maison originale où se marient le bois, le métal, le cuir. Il a tout bâtit tout seul, à quelques exceptions près. Après le montage de l’ossature et des coques, Pako a occupé sa maison encore en chantier durant un an pour réaliser le détail des finitions. Il a pris le temps de soigner son travail et ça se voit.
Chantier de juillet 2011 à octobre 2014
À Pako l'honneur de poser la première pierre...
Les plots sont devenus ronds, ce qui est plus facile à aligner, de toute évidence. Pour les Écoquilles suivantes, ces plots seront même en “pied d’éléphant”, ou en troncs d’arbre, plus larges en bas, plus fins en haut. Résultat : une meilleure assise pour moins de poids. Au sol, on peut voir des chaînettes métalliques reliées entre elles à l’avance pour former le plan d’emplacements des plots, une méthode abandonnée depuis lors.
Fixation des poutres sur les plots
Badigeonnage des poutres de mélèze avec un mélange d’huile de lin et de chaux aérienne. Sur les plots, se trouvent des sabots métalliques qui reçoivent les poutres. Nous les avons dessinés sur ordinateur et nous les faisons fabriquer chez un ferronnier proche de notre atelier. Ils ont des trous décalés pour les vis et des barrettes pour maintenir les poutres au sec. Ici, l’empilement n’est pas encore en patte d’éléphant. Ça viendra.
Notre assistance au montage
François est toujours présent au démarrage d’un chantier, dans le cadre de l’assistance au montage prévue. Pour l’heure, il fixe les pieds d’arche aux lisses dans des encoches creusées à la défonçeuse. Ce mur en parpaing a été construit pour la partie garage de cette “Moyenne en T”. Un cas unique à ce jour.
Des coups de main
À l’œuvre, quelques copains et collègues techniciens de scène à Orléans, ainsi que le voisin et le père de Pako, les bonnes volontés, quoi… Il y a toujours un peu de monde au début du chantier. Après… ça se complique car il devient difficile de motiver les amis sur le long terme Prévoir une bonne cantine… Ça compte.
Construction de l'ossature sur un muret en dur
Ici, on voit l’aile latérale, la future partie “garage et atelier”. Elle a un sol en dur et un muret périphérique de parpaings bien solide, ceci sur fondations ordinaires.
Par contre, la partie “habitation” sera bien sur plot avec le vide sanitaire sous l’épais plancher isolé, comme à notre habitude.
Coque intérieur et lattis
La première coque respirante en Agépan (sciure + parafine, 3% de colle seulement) enserre l’ensemble du bâtiment dans une enveloppe continue, une boîte partout jointive, en façades, au sol, sur les murs et le toit. Le lattis en petits liteaux de Douglas recevra la seconde coque destinée à l’étanchéité, en OSB recouverte de tuiles. Entre les deux coques une lame d’air de 3 cm circule très librement.
Pako a choisi de traiter toute la couverture à la façon Écoquille. Ainsi, s’il le souhaite un jour, il pourra convertir son garage en pièce à vivre ou en chambre car il n’aura qu’à isoler dans l’épaisseur des arches et à rajouter du lambris pour retrouver toutes les qualités de la partie habitation.
Bientôt hors d'eau
Ici, on aperçoit les deux coques l’une sur l’autre. Un ruban adhésif recouvre les interstices entre les plaques pour assurer l’étanchéité à l’air et à l’eau car la coque intérieure est aussi pare-pluie. Nous employons maintenant un ruban adhésif spécial, très collant et lui aussi respirant, pare-pluie et indéchirable qui vient couvrir tous les joints entre plaques, au sol, en façades, en coque, partout.
L’étanchéité à l’air est donc parfaite et c’est l’assurance que l’isolation jouera tout son rôle et que la maison n’aura AUCUNE infiltration d’air, aucune. C’est suffisamment exceptionnel pour le répéter ici.
Finitions de la coque externe
Comme éclairagiste, Pako a l’habitude de travailler en hauteur. Il a soigneusement ajusté les plaques de la coque OSB. Elles ne sont pas lourdes et peuvent aisément être mises en place par une personne seule. Sur les grandes Écoquilles, peut-être vaut-il mieux être à deux. Ces plaques sont vissées au lattis qui fixe la coque interne en Agépan. Une fois en place, les bords de ces plaques sont rognés à la meuleuse ou à la ponceuse pour adoucir les angles de la surface qui recevra les tuiles. Après le ponçage, tous les interstices entre les plaques sont remplis avec du mastic acrylique blanc ou de la pâte à bois maison. Ainsi, on obtient une coque à la surface bien régulière.
Un kit de petites pièces
Ici, on voit les pièces de la ventilation de toiture, ce petit sur-toit avec ses mini-pannes, les “arêtes de poisson” comme nous les appelons, ses tasseaux, etc. Toutes les pièces sont livrées prédécoupées, avec l’angle de 15° nécessaire en bout ou en long selon le cas. Il ne reste qu’à visser.
Dit comme cela, c’est un véritable enchantement, n’est-ce pas ? Mais bon, il faudra une bonne journée pour installer cette ventilation, même avec des pièces toutes prêtes. Imaginez alors s’il avait fallu tout fabriquer à partir du bois brut en suivant des plans ! Voilà pourquoi l’Écoquille est unique dans son montage. Ce ne sont pas des ensembles que l’on pose à la grue, pas plus qu’une maison à fabriquer à partir d’un stock de bois. On est entre les deux et, pour ceux qui en prennent le temps, le plaisir du montage et les économies obtenues valent vraiment le coup.
La ventilation exclusive de l'Écoquille
La réunion des deux corps de bâtiment a été soignée. Le petit toit rajouté au sommet couvre une sortie de l’air contenu entre les deux coques, soit 8 cm tout au long de la toiture et de part et d’autre de la faîtière, ce qui représente, ici, au moins 3 m2 d’évacuation pour 9 m3 d’air entre les coques. Cette ventilation en thermosiphon fait partie des particularités les plus intéressantes de l’Écoquille. Ce système nous a été inspiré par les grands silos à grains et par les termitières. Ça fonctionne très bien : la maison est toute entière ventilée et maintenue au sec. L’été, sous l’ardeur du soleil, le tirage est dynamique et le courant d’air évacue de nombreuses calories. Bref, c’est un système de climatisation sans énergie et de ventilation en sous-face qui se montre très efficace.
Une carapace bien étanche
Ici, avant que ne soit posé le bardage, on peut remarquer que les façades et le pignon arrière sont également fermés avec une coque en Agépan. Les plaques d’Agépan des façades, du sol et de la coque se touchent et forment une enveloppe continue, un véritable cocon, seulement percé par les portes et fenêtres. Il est certain que la coque interne de l’Écoquille assure une étanchéité hors normes, telle que l’on n’en rencontre qu’exceptionnellement dans les bâtiments actuels. C’est une qualité qui découle d’une conception aboutie, rendue plus aisée par la forme arrondie. Comme la nature l’a fait pour la tortue, l’Écoquille vous met à l’abri de sa carapace continue.
Moyenne en T
Cette Écoquille est une Moyenne, en T, ce qui lui donne une grande surface habitable, 90 m2 plus un garage/atelier. Le corps principal de l’Écoquille comporte un séjour / bureau / salle à manger / cuisine ainsi que deux chambres. L’aile perpendiculaire comporte, sur sa moitié et au même niveau de plancher, une grande salle de bain, un WC, une pièce technique et une de rangements. Sur la seconde moitié, c’est un grand garage avec atelier et cuisine d’été. Tiens, mais c’est ce cher Miguel, là-haut de face !
Des questions de géométrie
Après étanchéification de la jointure entre les deux coques à 90°, la pose des tuiles peut commencer. Au début, on faisait un rang sur deux en quinconce. Et puis un jour, ma fille Lumé s’est penchée sur le problème du recouvrement des plaques pour que le moins de jonctions latérales soient visibles tout en évitant de découper d’un tiers une plaque sur deux et de perdre donc beaucoup de matière.
Mais ce casse-tête a disparu depuis que nous avons renoncé aux plaques en écailles. Dorénavant, les tuiles sont droites et égales. Leur décalage est libre et la pose est devenue plus simple et plus facile à exécuter.
Bientôt le hors d'eau / hors d'air
Elle est bien avancée cette maison maintenant, avec ses hublots en triple-vitrage et châtaignier massif. Les tuiles de liège/caoutchouc sont collées et agrafées. Coller la couverture, c’est ne rien craindre du vent et de la pluie. Sur OSB, c’est ne rien craindre de la grèle…
Bois/Métal
Par amour pour le contraste bois/métal, Pako a demandé à son zingueur de recouvrir partiellement les menuiseries. En bois à l’intérieur, en zinc à l’extérieur, quel look ! Quand on voit cet ensemble, tuiles et menuiseries bois/métal, on ne peut pas dire que l’Écoquille ait une esthétique ordinaire. Là, l’originalité est partout.
Peinture de recouvrement
La peinture de recouvrement a pour principal objectif de protéger les tuiles du rayonnement UV, dommageable au composant caoutchouc. Il s’agit d’un mélange eau/colle à bois/pigment, assez délicat à formuler car cette peinture doit être facile à étaler tout en restant le plus adhérente possible. La couche ne doit pas être trop épaisse mais le plus couvrante possible. Enfin, c’est comme de la peinture, quoi. Sauf que ça dépend du temps et de la température ambiante. Pas sorcier mais précis pour faire propre et durer.
Pas de doute : Pako a gagné son pari d’autoconstructeur. Il connaît infiniment mieux le bâtiment aujourd’hui que lors du démarrage du chantier mais cela n’a rien bloqué pour autant. Belle réussite donc Pako retirera la juste fierté et le juste plaisir de vivre quand il y passera ses premières vraies vacances. Parce que la vie continue, il y a le travail d’éclairagiste, encore encore quelques finitions (la cuisine, le parquet, la terrasse). C’est la dernière ligne droite.
Aménagement intérieur
Une vue de l’intérieur en cours d’aménagement. Ici, on se rend bien compte de la luminosité que l’on aura au travers de la façade côté sud. Tout est en triple vitrage. De part et d’autre de la porte, on remarque des montants de châtaignier très très larges. À dire vrai, ils sont doubles. La partie en bois plein peut pivoter de 90° et permettre aux deux portes vitrées d’être rabattues contre la façade à l’extérieur de la maison, vers la terrasse. Ce sytème, en été, permet d’avoir une terrasse totalement dégagée, qui servira vraiment comme une pièce supplémentaire.
Petite chambre
Dans la petite chambre d’appoint, le lambris a été posé. Chaque lame d’i-celui a été taillée en trapèze et re rainurée à la toupie pour permettre cette pose en soleil, un peu comme on le fait pour un tonneau. C’est une fabrication spéciale, sur-mesure, qui fait partie de la fabrication hors-normes de cet habitat.
Durant la majeure partie de son chantier, Pako a vécu dans son garage pour ne pas encombrer la partie en construction. Ici, on voit le sol en pavés qui supportera la voiture. En alternant la couleur des pavés, Pako a fait quelque chose de joli. La porte qui mène à l’intérieur de la maison, avec son hublot rond, c’est de la récupération dans les poubelles de grandes enseignes de distribution. Pas un sou de dépense mais le hublot qui va bien quand même.
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