Construction pas à pas d'une écoquille moyenne près de La Rochelle

Un reportage assez technique sur le montage d’une Moyenne.

Nous avons fait le montage d’une Moyenne à l’écohameau Hélioterre en Charentes-Maritime.

Elle a été construite juste après la Grande Écoquille d’Alain et une troisième Écoquille a été par Nelly et ses amis. Pour ce chantier, l’entreprise a embauché 5 intérimaires.

– Lumé, fille du “patron”, ingénieur en éco-foresterie, ayant participé à la construction de l’Écoquille près de Perpignan et vraiment passionnée de ce concept, rêvant de construire sa propre Écoquille un jour et désireuse d’en connaître tous les secrets de fabrication et de montage ; très constante et courageuse en toutes circonstances, elle maîtrise tous les outils et serait capable de construire une maison de A à Z

– Miguel, architecte débutant à Barcelone, ayant déjà travaillé les années précédentes aux Ecoquilles, en particulier sur l’extension près de Perpignan avec Lumé ; familier des chantiers participatifs en éco-construction en France, il parle très bien notre langue ; il est autonome, soigneux, précis et cherche souvent de nouvelles idées pour améliorer la productivité et l’efficacité de chacun

 

– Némo, fils du “patron”, maître des écoles bilingue (occitan/français) en France et, en mi-temps annualisé, restaurateur et guide de montagne dans la Chapada Diamantina au Brésil ; rejoint à l’automne par sa femme brésilienne, Juci, il est venu passer l’été à travailler avec nous ; intelligent et solide, il a su se mettre à l’œuvre avec énergie, force et efficacité ; convivial et attentif à chacun, il a souvent été le modérateur et l’encourageur de toute l’équipe

– Val, ex-compagnon de Lumé, est créateur de sites Internet ; très débrouillard et méthodique, il est également constant, joyeux et solide ; comme les autres, il se passionne pour l’Écoquille, en dessine des plans originaux, rédige des compte-rendus de travaux, etc ; il est aussi très habile avec les outils et s’est souvent vu confier les tâches les plus complexes, comme l’électricité ou le montages des cloisons
 
– Virginie, compagne de Miguel, architecte débutante en Bretagne, curieuse et désireuse de tout savoir de l’éco-construction, habituée des chantiers participatifs (bois/paille) ; elle est méticuleuse, constante à l’ouvrage, discrète mais n’a peur de rien.

Voilà donc une équipe de personnes proches les unes des autres et concernées de près par l’Écoquille. Ils se connaissent tous très bien et ont vécu constamment ensemble, dans une bonne ambiance, en gîte ou au camping durant les mois de juillet, août et septembre.

Début du chantier

18 juin 2012 : on commence par le déchargement du fourgon sous ce barnum qui ne tiendra malheureusement pas debout très longtemps à cause des vents mais qui abritera tout de même les matériaux et matériels en attente.

Fixation semelles

Lumé exécute l’une des premières taches : fixer les semelles des solives de plancher. Collé/vissé. Si nous ne le faisons pas avant en atelier, c’est pour éviter qu’elles ne s’arrachent durant le transport. À gauche, les poutres de soutènement qui vont être passées à l’huile de lin, plutôt deux fois qu’une.

Position des plots

Sur le terrain aplani et dégagé, nous positionons les futurs plots en piquant en place les amarres qui les traverseront. Ces amarres sont un peu trop épaisses et les repositionner un centimètre à côté n’est pas commode. Pour faire des trous nets et améliorer la précision, nous avons depuis lors adopté l’usage de piquets de tente de camping. Derrière, la Grande Écoquille d’Alain dont le montage a débuté en avril.

Égaliser la terre là où viendra le plot, repérer le trou central, le percer avec un perforateur quand le sol est dur. Très vite, Némo et Val se sont rendus compte que de faire couler de l’eau le long du forêt de perçage rendait l’opération beaucoup plus facile. Nous ferons un reportage beaucoup plus détaillé sur le montage des plots de fondation car c’est une opération assez complexe. Jusqu’ici François a toujours été présent pour expliquer et contrôler la pose des plots, en assistance à l’auto-construction. ll n’y a rien de difficile dans cette tâche mais il faut quand même suivre la bonne méthode.

Une fois les plots ancrés dans le sol, on y pose les poutres de mélèze et on recouvre le tout avec les solives. Celles-ci reçoivent en extrémité des béquilles, pièces de douglas massif que l’on va très solidariser fortement aux pieds des arches. Avant, les pieds d’arche étaient fabriqués en atelier, puis placés et fixés au bout des solives. Mais, pour améliorer la solidité et la précision de pose des arches, nous avons décidé que l’assemblage serait fait sur place. Tous les éléments sont prêts à l’avance mais le poitionnement avec un niveau à bulle ainsi que le collage et le vissage constituent dorénavant une tâche sur chantier. Miguel applique de la colle entre les joues de la solive. Il y insère ensuite une béquille qui vient contre cette pièce que nous appelons téton, déjà insérée dans la solive. Le tout est vissé solidement par Virginie, sachant que ces vis servent surtout à serrer les bois entre eux et à rendre donc le collage efficace. Il y a donc, en final, deux pièces de douglas massif en 4,5 x 14,5 cm qui sortent verticalement des solives et serviront d’accroche aux premières pièces d’arche. Leur but est surtout d’empêcher que les arches glissent en pied vers l’extérieur. En effet, tant que le cintre est bien un demi-cercle, les arches peuvent supporter de très grosses charges sans fléchir. Par contre, si elles s’écartent en pied, leur géométrie n’étant plus respectée, elles s’affaiblissent et perdent leurs capacité de soutien et d’indépendance.

Val fixe ensuite des équerres métalliques entre les poutres de soutènement en mélèze et les solives transversales à leur jonction. Il y en a au moins quatre par solive à la fin de leur fixation, soit une centaine au total. Ainsi l’Écoquille ne pourra pas glisser sur le côté. On fixe aussi les solives par des vis qui traversent leurs semelles. Le calage des solives doit être affiné en plusieurs étapes. Si leur écartement est réglé par les entretoises en bois et ne risque pas de bouger, si l’alignement des centres est maintenant maintenu par les équerres que Val a mises, il reste la possibilité que les solives, en deux morceaux rappelons-le, soient disposées en chevrons ou bien en oblique. Il est donc nécessaire de vérifier qu’elles sont bien à 90° par rapport à leur axe. On peut d’abord s’assurer que les solives en façade tombent pile au-dessus des plots que l’on aura pris soin de bien mettre au carré. On peut aussi prendre une mesure transversale entre les solives avant et les solives arrière du tunnel (hors solives de croupe). On doit aussi, avec une règle droite, s’assurer que les deux demi-solives sont alignées. Bref, on vérifie dans tous les sens que l’ensemble est bien d’équerre avant de mettre des vis au travers des semelles pour fixation aux poutres de soutènement. Cette étape doit être particulièrement soignée car, sinon, on aura des difficultés par la suite. La GÉO-MÉ-TRIE, toujours la géométrie… Déplacer l’ensemble des solives est facile car elles glissent aisément sur les poutres en restant solidaires. Le réglage général des solives se fait à deux personnes, en tirant et en poussant.

Lumé et Val centrent les solives tout au long de la poutre centrale. Il est important de pouvoir compter sur cet axe pour la suite. Et chercher à aligner les solives par l’extérieur peut s’avérer fastidieux car on ne sait pas vraiment si c’est l’une qui dépasse ou l’autre qui est en retrait. Le plus simple est donc de prendre une grande règle et de tout aligner par le milieu. C’est plus rapide et précis. Au fond, Virginier continue à visser les béquilles dans les solives. On distingue les deux pièces, téton et béquille.

Lumé (prononcer Loumé) fixe les poutres dans les sabots en acier. Elle utilise des tire-fonds. Les trous dans les sabots sont disposés disymétriquement de part et d’autre (selon les plans que nous avons fourni à notre soutraitant métallurgiste). Ainsi les tire-fonds (ou très grosses vis) ne se font pas face. Ils peuvent donc être longs et ne fendront pas la poutre. 8 tire-fonds par sabot.

Tandis que Lumé visse les poutres aux sabots métalliques, Virginie visse les béquilles collées dans les bouts des solives. Notez que les poutres extérieures, ici, partent à 30 degrés vers l’axe. Nous sommes ici au début de la croupe de l’Écoquille. À gauche, c’est encore le tunnel avec des arches égales. La béquille est une pièce de bois au carré. À droite, c’est la croupe avec des arches de plus en plus petites pour donner son arrondi à l’arrière de l’Écoquille. La béquille est biseautée, délardée.

Virginie coupe les morceaux des joues de solive qui dépassent. En effet, les béquilles des solives de la croupe sont délardées (coupées en plan incliné) comme les âmes extérieures des segments d’arche (notre vocabulaire est précis). Bref, il y a un découpe à faire dans l’OSB. C’est pas bien compliqué car la scie suit le plan incliné de la béquille.

À la place d’une scie égoïne, Virginie emploie notre “couteau” Fein (marque suisse), un appareil à tout faire que nous utilisons tellement sur le chantier que nous l’appelons l’abeille. Couper, poncer, l’abeille passe partout avec ses lames de toutes sortes.

Au premier plan, les segments d’arche avec leurs quatre trous carrés où passent les entretoises. La pièce de bois qui y est collée/vissée, l’âme extérieure, est délardée (coupe inclinée) parce que ce segment prend place dans une arche de la croupe. Il y a donc, pour les arches de croupe, une série de segments aux âmes délardées dans un sens et une série aux âmes délardées dans l’autre sens. Nous les repérons par un marquage A ou B. Sinon, pour le tunnel, les segments sont tous pareils et se montent indifféremment dans un sens ou dans l’autre. Derrière, la structure du sol de la Moyenne de Pierrette. Au fond, la Grande d’Alain.

Montage des arches de tunnel. Vous connaissez, non ? Sinon, regardez la vidéo et les reportages photos précédents…

On arrive à la fin des deux premières arches. Pour l’instant, il faut faire attention à ce que tout ne s’écroule. C’est pourquoi nous mettons des étais “spécial ossature” comme celui qui est à gauche sur cette photo. Ils soutiennent le démarrage de la construction. Ensuite quand deux ou trois arches sont complètes, il n’y a plus aucun risque : elles se tiennent l’une l’autre et ça devient costaud. Donc, le but est de finir rapidement et prudemment les deux premières arches. On s’y met tous pour que ça se passe au mieux. Val, Némo et Miguel sont concentrés…

Et on aboutit à la pose des clefs de voute des deux premières arches. C’est toujours un grand moment, un petit triomphe !

Pendant que le montage des arches continue, Miguel commence à poser les fonds de caisson entre les solives. C’est là qu’on voit si tout est bien d’équerre comme prévu. Sinon, les fonds de caisson (bandes d’Agépan coupées à la dimension précise) ne vont pas glisser d’un côté à l’autre. Bon, en cas de problème, il est encore temps de corriger. Pas grave. D’ailleurs, pour bien faire, on peut se servir d’un ou deux fonds de caisson et les faire glisser un peu partout pour régler les solives avant leur fixation.

Au bout de ces fonds de caisson, un petit tasseau de 55 cm (fourni prédécoupé) viendra solidariser fonds de caisson et coque. C’est pour éviter que de l’air ne rentre à cette jonction. C’est aussi pour que la planche reste plate, qu’elle ne s’incurve pas au centre.

Petite visite sous la maison : le vide sanitaire. Grâce à lui, la maison est protégée de l’humidité et des insectes. On pourra surveiller périodiquement l’état de la structure du sol.

Au bas de l’Écoquille, un grillage fin est posé entre les deux coques pour éviter que les insectes, genre guèpes et frelons, ne viennent s’installer au sec et au chaud. Après tout, si les matériaux sont sains et confortables, ils le sont pour tous les vivants, n’est-ce pas ?

Montage des arches. Tiens, Némo met des gants… Sans doute a-t-il remarqué que l’OSB fait très facilement des échardes !

Le tunnel est fini. On passe à la croupe.

Au soleil couchant, une Écoquille toute neuve…

Une ossature d’Écoquille, c’est toujours aussi beau. On ne s’en lasse pas… Et puis ça tient tout seul, sans mur de refend, sans poteau, ce qui laisse libre l’aménagement intérieur. Ici, la largeur de la maison est de 6,5 mètres environ.

L'ossature à peine montée

Tous chantiers

C'est le printemps !

Par-dessus l’ossature, vient une première coque en Agépan. C’est un panneau de sciure de bois aggloméré à la parafine, sans colle, sans solvant, sans aucune toxicité. Ce panneau est respirant et laissera migrer vers l’extérieur la vapeur d’eau générée par les habitants. Par contre, il est pare-pluie et, sous la seconde coque en OSB recouverte des tuiles liège/caoutchouc, il assure une sécurité supplémentaire contre la condensation ou d’éventuelles infiltrations. Le sandwich “Agépan / lame d’air de 3 cm / Osb” est un classique en éco-construction. On note le lattis qui va permettre la création de la lame d’air. Nous livrons ces petites pièces de bois à la bonne dimension et pré-percées. Effectivement, quand on est sur une échelle, on est bien content de ne pas avoir à diriger les vis. Ainsi, même de la main gauche, fixer les litteaux reste facile.

Sur cette image, on peut voir, au sommet de l’Écoquille, une ventilation de toiture qui permet à l’air entre les deux coques de s’échapper. Cette ventilation est vive, dynamique et permet à la chaleur du soleil qui tape sur la toiture d’être évacuée. C’est donc une sorte de climatisation naturelle. Selon Fred et Marion, autres Écoquiliens, lorsqu’il fait 35° dehors, la température à l’intérieur de la maison reste modérée (25°). En hiver, cette ventilation évite une humidité excessive qui pourrait stagner dans la structure. Ce système est inspiré des ventilations observées sur les silos à grain.

La pose des hublots est une opération délicate qui a toujours fait l’objet jusqu’ici de l’intervention de François en “assistance au montage”. Le trou, par exemple, est percé au millimètre car il doit être inférieur au hublot lui-même d’un petit centimètre tout autour. Et il faut qu’il soit plat dans des panneaux penchés. Et sa dimension n’est pas celle du hublot lui-même. Et il faut un angle au rebord inférieur pour y apposer une planche de rive inclinée. Et il faut des chevêtres costauds. Et il faut couper une arche sans qu’elle ne descende. Il faut également des outils adaptés. Et ceci, et cela. C’est délicat et précis… Grosso-modo, 5 heures de travail chirurgical par hublot. L’équipe est ravie.

L'orage menace

Étanchéité et isolation

L’équipe s’est mise au collage des tuiles de liège/caoutchouc (bouchon recyclé). C’est un travail assez long, il est vrai, mais aucun autre revêtement de couverture ne convient à l’Écoquille. En effet, la pente n’est plus que de 15° au sommet et, grâce aux tuiles collées ainsi, l’eau de pluie ne peut pas passer. Ici, le permis de constuire a été accordé pour des tuiles à bord droit car celles en écaille n’ont pas été admises.

Un chantier simple et convivial

Tuiles à bord droits

Deux écoquilles voisines

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Sarl EFDÉ Innovations :
Impasse de la Bousquetarié
81300 GRAULHET (France)

Tél. 06 09 71 60 79

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