

Près d'Agen, la première Écoquille familiale
Le logement existant
La petite famille vivait depuis des années dans la yourte et la roulotte que l’on voit ici derrière la charpente. Pour eux, ce style de vie était en train de trouver ses limites. Avec deux enfants dans une roulotte mal isolée, avec les hivers humides, le confort leur semblait de plus en plus précaire. Et puis l’aînée rentrant dans l’adolescence, se présentaient alors des problèmes d’intimité. Au total, vivre dans une maison plus grande leur était devenu nécessaire.
La charpente de soutènement
Le terrain est très en pente, plus de 2 m de dénivelée sous la maison, et Fred a d’abord édifié lui-même une forte charpente de soutènement avec des troncs bruts, écorcés à la plane, venus de la petite forêt de leur propriété. Un travail soigné, garant de l’ensemble du projet. Au sol, Fred a creusé et aligné de larges trous qu’il a rempli d’un béton romain (gros cailloux) de façon à implanter des plots suffisamment hauts pour s’éloigner de l’humidité.
La livraison
Un camion arrive avec les premières pièces du kit, une vingtaine de tonnes pour 80 m2 habitables. À chaque livraison, nous privilégions le déchargement avec du monde et le plus près possible du chantier. Si un Manitou peut aider, c’est mieux, mais la chaîne humaine reste irremplaçable. Ce n’est que plus tard que nous livrerons portes et fenêtres, lorsqu’elles pourront être installées et non pas stockées sur chantier au risque de vol ou de dégradation.
Fred assure la sécurité du stockage
Les piles de pièces, il faut les stabiliser, surtout sur un terrain en pente. Un accident est si vite arrivé et aucune précaution n’est de trop. De plus, personne n’est vraiment échauffé. On ne va quand même pas commencer le chantier par une entorse… Notez : nous n’utilisons presque pas d’emballages et c’est voulu. Directement du producteur au consommateur.
Les entretoises pour les arches
Toutes les pièces de l’Écoquille (ou presque) ont été préparées dans l’atelier à Graulhet. Elles sont faites avec une précision inférieure au millimètre, selon les plans en 3D obtenus sur ordinateur. Et maintenant, c’est l’épreuve du feu sur chantier. Ainsi, d’Écoquille en Écoquille, notre fabrication devient de plus en plus rapide et précise.
Du travail en famille
Claude, le papa de Marion, badigeonne les poutres à la chaux et à l’huile de lin, un mélange comme du mastic de vitrier liquide. Lunettes de protection indispensables car la chaux, ça brûle. Fred a construit un chemin de palettes autour de l’Ecoquille qui permet de circuler facilement en hauteur et protège d’une chute éventuelle.
Une bonne préparation
Marquage de la position des solives. Comme tous les charpentiers, Fred est très habitué à tracer, chose fort utile pour ne pas se tromper. Son expérience est palpable.
Par contre, pour le montage de notre kit, aucune mesure n’est à prendre (à quelques exceptions près, pour certains ajustements qui ne peuvent être anticipés). Les pièces sont prépercées ou encochées en notre atelier aux bons emplacements et vous n’aurez pas à prendre de mesures ni à tracer de repère durant le chantier.
Surprenant : on peut facilement déplacer toutes les solives d’un seul tenant si on doit les avancer ou les reculer un peu. En s’y mettant à 4, on parvient parfaitement à tirer ou pousser tout l’ensemble. Il ne reste qu’à aligner les solives en leur centre et toute la géométrie de base est respectée. Pour un bon point de départ, capital.
Pako s'entraine
Pascal, futur acquéreur, vient apprendre le montage sur ce chantier ; il fixe les semelles des solives avec un cloueur à batterie. Ainsi, chaque chantier peut être un lieu de formation, soit pour de futurs partenaires monteurs, soit pour des particuliers se préparant à l’édification de leur propre Écoquille en kit.
Une méthode bien précise à suivre
Toujours monter les arches en escalier comme on le voit sur cette photo, sinon on se retrouve avec des difficultés pour introduire les entretoises dans leurs trous : on serait obligé de partir d’une extrémité et de faire voyager l’entretoise jusqu’à sa bonne place. En montant en escalier, l’entretoise trouve toujours sa place directement.
Montage des arches
Marion aussi se lance dans la construction ; elle a envie d’en être. Marion travaille dans le secteur social et ne peut s’impliquer dans la construction autant que Fred qui exerce son métier à mi-temps, mais, de son côté, elle assure l’accueil des nombreux copains qui viennent donner un coup de main.
Sur les Écoquilles plus récentes, le système destiné à la ventilation de toiture et à la pente sommitale est un peu différent. Vous en verrez des exemples et des explications détaillées dans d’autres de nos reportages, chez Pako, par exemple. Les améliorations ont surtout permis une optimisation de notre préfabrication en atelier.
Les liteaux de fixation des plaques sont fournis avec leurs deux trous pour y passer de très solides vis Sihga à tête plate, particulièrement bien adaptées. Le préperçage permet à celle ou celui qui monte la maison de garder ses mains libres pour tenir la visseuse. Par ailleurs, on est sûr ainsi que la vis s’enfoncera bien droit et qu’elle se fichera correctement dans l’âme extérieure du segment d’arche, en plein milieu, sans risque d’éclater le bois.
Sur ces photos, on ne voit pas l’adhésif d’étanchéité que nous préconisons maintenant pour recouvrir toutes les jonctions entre plaques.
Du temps a passé...
Oui, nous n’avons pas fait de photos des étapes intermédiaires et avant d’en arriver au montage des cloisons internes et de la mezzanine. C’est lors d’une livraison en cours de chantier que nous avons découvert l’avancement des travaux et les particularités de cette maison de professionnel du bois.
Car Fred est charpentier, ne l’oublions pas, et son amour du bois le pousse à en respecter le naturel. Aussi, il va couper des branches et des troncs sur son terrain, il les écorce, les fait sécher, les choisit, les taille pour faire des montants de cloisons internes, des supports, des chevêtres, tout ce qui lui est nécessaire dans sa construction.
C’est un travail qui demande de la patience car, une fois que les pièces non rabotées sont installées, le reste doit suivre et il faudra donc découper les panneaux en suivant les formes irrégulières des montants.
La couverture est faite de plaques d’un mélange liège et caoutchouc en forme d’écailles. Cela donne un air encore plus animal à cette Écoquille-ci. Ce produit de couverture expérimental a connu des modifications pour aboutir à de nouvelles caractéristiques, en particulier le recyclage de pneu usagé à la place du caoutchouc neuf.
Intérieur
Côté salon avec, en haut, la mezzanine où les enfants peuvent jouer ou regarder la télévision, tout en restant dans l’ambiance familiale. On remarque les montants et traverses en bois brut, juste écorcés à la plane.
Le séjour est lumineux et haut de plafond. C’est un des aspects agréables de cette maison. Même avec seulement 80m2 de plancher, on a un sentiment d’espace, d’ouverture. La voute est haute et c’est très confortable.
Savoir négocier et "imposer" ses choix à une administration rétive : c'est possible
En 2012, il fallait encore batailler pour obtenir l’autorisation d’une telle construction. Mais 10 ans plus tard, les choses ont énormément évolué et l’Écoquille parvient presque à tous les coups à convaincre de son bien fondé.
Un permis de construire
Ce permis avait d’abord été refusé par l’architecte de la DDE qui
trouvait que le projet ne s’intégrait pas dans l’environnement. En
effet, pour un architecte, l’environnement n’est pas la nature alentour mais les constructions préexistantes, le style des maisons régionales, l’urbanisme. Devant ce refus, une réunion a été sollicitée pour le mois suivant avec cet architecte. Étaient présents : Martine et moi, en tant que concepteur et fabricant, Marion et Fred, les candidats à l’accession, et le maire du village concerné. La réunion a duré deux bonnes heures. En premier lieu, j’ai exposé longuement tous les
arguments écologiques et sanitaires et ils sont nombreux et probants.
L’architecte rétorquait que cet habitat était un objet standardisé et
que cela le gênait. Il ajoutait « mais si je vous accorde ce permis, il y
en aura partout ensuite ! », ce qui m’a bien plu sur le fond mais
semblait l’inquiéter car il ne voulait pas être celui qui aurait ouvert
la brêche. Jusque-là, son refus tenait encore. Le flot de mes arguments
archi-rôdés, l’évidence du bien-fondé de l’Écoquille face aux enjeux de
notre société n’ont pas réussi à le convaincre et l’ont peut-être même
un peu agacé.
Obtenu à l'arraché !
Ensuite, c’est le maire qui a pris la parole en insistant sur le côté social de l’affaire, disant « oui, mais ce couple habite dans notre commune depuis longtemps, possède le terrain, les enfants sont à notre école et, vivant jusqu’ici dans une yourte, pour les parents et dans une roulotte pour les enfants, nous, la mairie, voyons d’un œil favorable que cette famille progresse dans son installation vers une demeure familiale ». Il a ajouté « de toute façon, ces gens ont un budget limité et, grâce au kit qu’ils achètent, ils vont pouvoir, pour 60.000 euros au total, vivre dans une vraie maison confortable et saine, aucune autre solution équivalente n’étant envisageable pour leur budget ». Et il a terminé en précisant qu’il aurait préféré que le camping du village s’équipe d’Écoquilles plutôt que d’horribles mobil-homes en plastique, se déclarant donc également séduit par leur aspect esthétique.
Point par point
Pour finir, c’est Fred qui a pris la parole, avec beaucoup d’émotion et quelque véhémence. Pour lui, il était scandaleux que notre gouvernement organise un Grenelle de l’environnement si c’est pour que tout soit ensuite bloqué au niveau des administrations locales. Cette incohérence le choque et, avec l’assentiment visible de son épouse Marion, il s’est déclaré ouvertement prêt à la désobéissance civile. Il était vraiment remonté, et visiblement sincère. La tension était perceptible autour de la table. Il a aussi mentionné le fait que la loi ne semblait pas la même pour tout le monde puisque certaines personnes, plus riches, plus influentes, se voyaient souvent accorder des permis pour des constructions tout aussi peu intégrées à l’architecture locale, sans oublier de rappeler que plus de deux cents Domespace existaient déjà et qu’il ne comprenait pas pourquoi l’Écoquille ne serait pas considérée de la même manière.
Victoire !
C’est après nous avoir tous soigneusement écouté et entendu que, en définitive, l’architecte de la DDT a lâché : « bon, je vois que vous êtes très motivés et très solidaires, et donc j’accepte : vous aurez votre permis de construire. Je m’en occupe tout de suite ». La tension est retombée d’un seul coup et Marion et Martine n’ont pû cacher leur vive émotion. Il y a eu des « Yes ! », le poing serré.
Pour fêter ça et donner écho à ce grand moment dans nos vies, nous sommes allés aussitôt prendre un verre, un verre de l’amitié.

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Société coopérative en formation
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