24 août 2022 : nous venons de recevoir un coup de fil d’un monsieur intéressé par l’achat d’une Ecoquille. Il dit que nous n’avons plus le choix et que l’avenir qu’il voit se profiler lui impose de construire une maison qui se passe presque totalement d’énergie : une Ecoquille par exemple. Nous sommes bien d’accord… Mais là où ça devient intéressant, c’est que le monsieur est un responsable chez Territoire Energie, l’organisme qui, dans chaque département, se charge de réguler la distribution de l’énergie dans les réseaux locaux, aussi bien électricité que gaz. Son job est de prévoir et il suit au jour le jour les cours de l’énergie sur le marché national et international.
Voici ce qui se passe actuellement et dont on ne parle pas beaucoup : en 2018, le mégawatt était vendu 40 euros en France et sur le marché international. Il était déjà à 600 € en juin 2022 et, en cette fin août, il a dépassé les 800 €. Soit une augmentation de 2000 % en quatre ans ! Et, avec les évènements diplomatiques que nous connaissons et la raréfaction du pétrole, on sait que ces augmentations gigantesques vont encore s’accélérer.
En France, qui produit son électricité, le prix du mégawatt est masqué par les effets de telle ou telle politique de l’état. Néanmoins, en 2021, il était déjà à 91 €/MWh. En juillet 2022, il était à 494 €, soit 605% d’augmentation en un an (alors que le coût d’exploitation ne croit habituellement que d’1% par an). Et ça s’accélère puisque l’évolution a été de 30% dans le seul mois dernier pour atteindre 612, prix du jour ce 24 août. Pour le 25, demain, il est annoncé à 645, soit 5,5% en une journée !
Notre gouvernement oblige EDF à continuer à vendre à un prix artificiel autour de 42 € auprès de compagnie de distribution (Engie, Total Energie, Enercoop et les autres) tandis que le marché, devenu ouvert, impose des prix exorbitants que ces compagnies auraient à payer sinon. Déjà, au premier janvier prochain, c’est le prix du gaz qui va être libéré et il est probable qu’il double immédiatement puis grimpe encore beaucoup tous les ans. Pour l’électricité, c’est au 1er janvier 2025 que son prix ne sera plus contrôlé en France. Selon les scénarii, on peut craindre d’atteindre des sommets.
C’est bien là le prix de vente de l’électricité en France sur le marché de gros, international. Heureusement, nous n’en achetons que peu d’habitude. Mais ça peut changer rapidement, selon l’état de nos centrales et selon la consommation des citoyens, en train de doubler avec les automobiles électriques rendues quasi obligatoires. Nous ne le voyons pas encore mais ce prix sera celui que nous devrons payer dès que l’état cessera de tenir le prix de vente chez EDF (déjà en faillite chronique depuis quelques années) et lorsque nos vieux clous de centrales atomiques seront arrêtés.
En effet, ce n’est pas le nucléaire qui pourra nous sauver, c’est clair. En cet été de canicule 2022, sur nos 56 réacteurs français, 22 sont à l’arrêt en révision, suite à la découverte cette année de corrosions inattendues dans les circuits primaires et on se demande légitimement combien pourront être remises en service avant l’hiver. Par ailleurs, nos cours d’eau se vident et des réacteurs (12 de plus) sont ou seront mis en veille, eux qui consomment 7 m3 d’eau à la seconde chacun.
Il avait pas pensé à ça Jancovici ! Le nucléaire consomme de l’eau. Comme beaucoup, il déplore que les éoliennes soient intermittentes en ignorant que le nucléaire est asservi au climat de la même manière. Nul ne sait combien de pluie tombera cet hiver pour alimenter nos fleuves. Il dit aussi, avec beaucoup d’autres, que le bilan carbone du nucléaire est bon en feignant d’ignorer que le CO2 est un gaz à effet de serre mineur comparé au méthane et à la vapeur d’eau. Pour la vapeur d’eau chaque réacteur atomique en produit une quantité énorme, en évaporant chaque jour plus de 600.000 m3 d’eau, l’équivalent de 1.000 piscines municipales… chaque jour, chaque réacteur produit 600.000 tonnes de gaz à effet de serre !! Et EDF, avec 56 réacteurs et ses barrages, utilise plus de la moitié de l’eau captée en France (contre 11 % environ pour tous nos usages domestiques).
Quant aux infrastructures autour d’une centrale nucléaire, elles sont considérables : canaux, barrages, routes, bâtiments, cheminées d’évaporation et réacteur lui-même. Du béton, du béton, du béton avec autant de transports et autant d’émissions de CO2. Là encore, la propagande va bon train : il serait scandaleux qu’une éolienne ait besoin d’un socle de 600 m3 de béton quand, pour une centrale atomique seule (sans parler des canaux et des routes), on en utilise mille fois plus (et 70.000 fois plus pour un stade de foot au Qatar). Le seul centre de stockage de déchets atomiques de Bure emploie 6 millions de m3 de béton, 10.000 socles d’éolienne. Du béton extra dense, 6 fois plus lourd que le béton ordinaire, 15 millions de tonnes qu’il a fallu extraire, cribler, parfois cuire, transporter et enfouir, en consommant des milliards de m3 d’eau et des montagnes de gas-oil. Croire à la solution des centrales nucléaires, c’est tourner le dos à l’écologie et à l’avenir. Il suffit de bien s’informer pour en être convaincu. La fission ? Même pas. Elle existe bien mais il est physiquement impossible de s’en servir pour activer des turbines.
En tout cas, si plus de la moitié de notre parc atomique vieillissant reste à l’arrêt, il faudra bien importer de l’électricité à l’international et on a vu son tarif ci-dessus, ou bien du gaz (russe ? liquéfié ?) ou bien du charbon (nous n’avons plus les centrales pour le brûler). C’est peut-être par force que les énergies alternatives trouveront leur vraie place. Ne serait-ce que parce qu’elles seront beaucoup moins coûteuses à mettre en place dans les délais, très courts, qu’il va falloir tenir.
De l’électricité à 1000 € le MWh avant Noël prochain ? Comment l’état va-t-il pouvoir amortir ces coûts s’il faut importer de l’électricité ? Le mix énergétique déjà en marche chez nous est une chance et on espère que nos futurs achats d’électricité seront bien négociés, sans conflit armé… Le prix d’achat n’est qu’une partie du prix de revente et l’augmentation du prix de l’électricité chez le particulier ne sera – en principe – pas de 1000% en quelques années, heureusement. Quoique… Le responsable de Territoire Energie que j’avais au téléphone tout à l’heure pense que le prix du kilowatt/heure chez le particulier va doubler en 2023 et encore plus à partir de 2025 où il sera à nouveau libre. Il a doublé cette année en Angleterre, passant à 20% du budget des ménages ! 100.000 personnes ont manifesté à Londres le 26 août devant le siège de la compagnie qui annonce 80% de hausse des tarifs en octobre prochain. Le gouvernement britannique déplafonne les limites de facturation annuelle, passant de 1700 € à 4000 et il prévoit de porter la limite à 6000 € au printemps prochain. Imaginez : en France ce seraient 600 euros en moyenne par mois si nous subissons les mêmes hausses à partir de 2025.
C’est cohérent. Croyiez-vous que le prix de la recharge des automobiles électriques allait rester à un prix si bas ? Comprenez-vous le déploiement du compteur Linky, qui, selon moi, permettra surtout de vendre l’électricité selon son usage ? Très très cher pour les voitures et plus raisonnablement pour les usages domestiques.
Si on fait le calcul, tel que je l’ai fait moi-même sur un tableur informatique, on s’aperçoit qu’avec une maison neuve qui consomme peu, soit seulement 800 euros d’électricité par an aujourd’hui, et des augmentations de tarif contenue à 5 % par an, le total des sommes payées sur 40 ans va dépasser les 150.000 euros, le prix de la maison… Dans la situation artificiellement contenue de la France, produire son électricité rembourse la maison en 40 ans. Mais je viens à l’instant de modifier ma simulation sur tableur à 5% (complètement irréelle) pour faire doubler le prix de l’électricité chez le particulier d’ici 2025 (on paiera 1800 euros par an) puis connaître une hausse de 6% tous les ans (ce qui sera dépassé largement). On atteint néanmoins 250.00 euros sur 40 ans. Et avec une augmentation de 10%, 650.000 euros… Le double pour une maison ordinaire, pas très bien isolée. Et nous avons dépassé les 12% de hausse en 2022, je rappelle.
Où passe tout cet argent ? Il s’agit principalement de spéculation, au sein d’un système complexe dit “ouvert à la concurrence”, qui ne fonctionne pas mais qui rapporte gros à certains (les fonds de pension, par exemple). L’analyse montre que ce système économique de concurrence, activé par la finance, est en train de ruiner EDF, notre ex-service public national, et que ce système sans foi ni loi finira par s’imposer, avec des profits colossaux, en nous esclavagisant un peu plus encore, grignotant ainsi systématiquement toutes les marges nouvelles issues des progrès de notre productivité au fur et à mesure que nous les gagnons.
Il faudra vite choisir entre ne pas se chauffer l’hiver ou bien travailler 2 heures de plus par jour. C’est pour demain. Ou bien faire une révolution, renationaliser tout cela y compris les banques, mettre les spéculateurs en prison comme l’ont fait les islandaises, etc. Ou bien construire son Ecoquille, seule habitation 100% autonome si on le souhaite, en produisant son électricité soi-même… Voilà LA solution que nous proposons pour un avenir meilleur. À saisir dès maintenant (avant que les panneaux PV ne redeviennent très chers pour cause de l’explosion des tarifs des containers maritimes).
Vous hésitez ? Y’a le recyclage des panneaux qui ne se fait pas ? (faux, ils sont recyclés à 97% à présent) Y’a le travail d’enfants dans certaines mines ? (oui, comme pour les téléphones, les fours à micro-onde, les voitures, les réveils, les télés, tout ce qui contient de l’électronique) Y’a les métaux rares ? (idem précédemment). Tous ces arguments ne tiennent pas bien devant la situation actuelle car de toute façon c’est surtout l’exploitation pétrolière qui fait des malheureux (l’horreur Totale en Afrique) et même un paquet de guerres. Blanc bonnet et bonnet blanc, le problème réel étant l’exploitation de l’homme par l’homme.
Nous rentrons dans l’urgence de décisions concrètes et durables. Chacun ne peut agir que par lui-même et l’état ne protège ni ne défend les citoyens (globalement). On entre dans le “sauve qui peut” ! À chacun.e de faire le meilleur choix.
FD
Sources diverses dont la CRE, Commission Nationale de Régulation de l’Énergie, l’INSEE, France Energie Eolienne, etc.